Chairmane et Ching, un père Osamodas et son fils, vendaient leurs pichons d’eau douce à travers les nations. Profitant de l’ouverture exceptionnelle du Mont Zinit du 28 flovor au 3 martalo, ils prirent la direction du pic afin d’y dénicher quelques raretés. Sur la route, ils tombèrent sur un mystérieux trappeur Sadida, Kimar Renois…
Les voyages ont parfois les mêmes vertus que les meilleures liqueurs de Pandala : enivrants, ils ont aussi tendance à rapprocher ceux qui les partagent. Ainsi, après quelques heures passées ensemble sur une charrette à sillonner les paysages enneigés et à se raconter leurs plus belles aventures, les Osamodas Fifi et le Sadida Renois se lièrent d’amitié. Sur les quais d’Astrub, le trappeur décida de suivre les pêcheurs sur le Mont Zinit pour tenter lui aussi de débusquer des créatures rares et fantasmagoriques. Tandis qu’ils embarquaient sur un voilier à deux mâts et qu’ils entassaient leurs affaires dans la coque compartimentée, Chairmane l’interpella :
« Vous ne céderiez pas le fruit de votre dernière traque tant que nous sommes à Astrub, l’ami ? Ce serait ça de moins à charger dans la soute…
- Je… certes… Je vais commercer une partie de la viande, mais… je vendrai la peau à mon retour… avec le gibier exceptionnel que j’aurai ramené du Zinit ! Je ne voudrais pas me hâter et la monnayer au rabais… »
L’hésitation et la gêne de Kimar n’avaient pas échappé au jeune Ching. Il ne releva pas et continua de charger le matériel à bord.
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Aux premiers rayons du soleil, l’équipage avait levé l’ancre. Assis sur le pont avant, nos trois compères se laissaient porter par les flots légers et la brise vivifiante. Ils contemplaient la dent rocheuse plantée dans l’horizon et le cercle lumineux qui se hissait lentement jusqu’à sa pointe. Derrière eux, à la barre, le timonier Enutrof les surplombait : Bahr Atribor menait l’embarcation avec une assurance tranquille. Casquette militaire vissée sur la tête, lunettes de soleil opaques plaquées devant les yeux : soit il fixait son objectif avec détermination, soit… il dormait profondément ! Ching l’observait depuis un moment et n’aurait su trancher entre ces deux options… Souchi Chen, le marin-pêcheur Ecaflip, s’était installé à la poupe pour préparer les filets. Il avait remonté le bas de son chino jusqu’aux genoux et noué un bandana rouge sur son front. Le capitaine Daï Kiri sortait au même moment de sa cabine pour rejoindre ses passagers. Droit comme un échalas, les bras croisés dans le dos, le Xélor affichait une rigueur exemplaire. Sa redingote et sa casquette de marin lui donnaient de l’allure : il ressemblait davantage au capitaine d’un navire de guerre qu’à celui d’une modeste goélette de pêche.
« Quel enthousiasmant spectacle, n’est-ce pas ? fit-il remarquer sans la moindre émotion. J’espère que vous dénicherez des pièces rares sur ce rocher.
- Ne vous inquiétez pas. Si nous revenons bredouilles…
- Ou que vous ne revenez pas.
- … Hm… Oui… reprit Chairmane. Dans un cas comme dans l’autre, vous n’aurez qu’à garder la caution.
- Cela va sans dire. Je disais cela pour faire la conversation. (Il regarda le ciel, puis la grand-voile bombée.) Nous y serons demain matin, vers 8 h. »
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Ils passèrent le plus clair de leur temps à déposer des filets et des casiers, en se rapprochant doucement de la côte. Le soir tombé, l’air de la mer et les activités de la journée eurent raison de l’équipage : ils se saluèrent avant les dernières lueurs du jour. Seul Bahr Atribor restait à son poste. Avant de rejoindre sa couchette, Ching le dévisagea avec insistance, mais l’Enutrof ne moufta pas.
« Aaaaaaaah !!! »
Un cri. Dans la soute. Ching rejoignit son père et le capitaine dans le compartiment des vivres : Souchi Chen venait de découvrir un carnage. Kimar arriva à son tour :
« Que se passe-t-il ? demanda le trappeur.
- Nos rations ! Elles ont été dévorées ! Il ne reste plus que des caisses éventrées et des emballages déchirés ! QUI A FAIT ÇA ???
- Retrouve ton calme, Chen, ordonna le capitaine Daï Kiri.
- Mon calme ? J’ai travaillé toute la journée ! J’ai faim !!!
- Nous allons trouver le coupable. Et tu vas te restaurer. (Le capitaine scruta la pièce, s’avança vers les débris et en sortit une pomme qui avait été épargnée. Il la tendit au marin.) Demain, nous relèverons les casiers les plus proches pour assurer le petit-déjeuner. En attendant, va te coucher, tu as bien travaillé. »
L’œil sombre de l’Ecaflip se radoucit quelque peu. Il dévisagea Ching, Chairmane et Kimar, arracha la queue de la pomme avec les dents puis la cracha au sol. Il croqua le fruit bruyamment et quitta la pièce. Le père Osamodas tenta alors de se justifier :
« Capitaine, nous sommes restés avec vous toute la journ…
- Je sais. »
Le Xélor souleva un sac de farine et révéla des empreintes dans la poudre blanche. Il s’agissait de tout petits pas.
« Qui chausse du deux ici ? »
Ching étouffa un rire.
Le capitaine Daï Kiri inspecta les affaires de ses invités : les Osamodas ne transportaient que du matériel de pêche et du linge ; les vivres qu’ils avaient amenés avaient été dévorés avec le reste. Le Sadida possédait une peau de glours découpée en trois pièces et huit carrés de tissu avec des symboles étranges brodés dessus.
« Où est passée votre viande séchée ?
- J’ai marchandé une partie sur le port et le reste a subi le même sort que les vivres de tout le monde… »
Daï Kiri autorisa ses hôtes à aller se coucher. Il ferait la lumière sur cette affaire le lendemain.
*****
« Aaaaaaaah !!! »
Un cri. Sur le pont.
« Décidément, ça devient une habitude ! » râla Kimar.
Les trois voyageurs se levèrent précipitamment de leurs couchettes. Le spectacle qu’ils découvrirent sur le pont les cloua sur place… Partout éparpillés : des poissons, des crustacés et des céphalopodes. Des casiers et un filet avaient été relevés et jonchaient à présent le plancher. Le capitaine, jusqu’ici froid et distant… se tordait de rire sur le sol :
« Wouhahahahahahahahaha !!! »
Derrière sa barre, le timonier avait été grimé : du rouge sur les lèvres, nu comme un ver sous une peau de glours, des yeux dessinés sur ses lunettes et un poulpe en guise de couvre-chef. Pas de doute cette fois, il dormait à poings fermés ! À l’arrière du bateau, dans le filet suspendu au-dessus de la mer se débattait Souchi Chen : ligoté, son bandana rouge sur la bouche, il était couvert de mollusques et d’étoiles de mer affectueuses ! De petits ricanements démoniaques semblaient venir de la proue… Le groupe s’approcha et découvrit… des poupées Sadida survoltées ! Certaines rongeaient le plat-bord de l’embarcation, d’autres s’empiffraient de poissons, l’une d’entre elles mâchouillait le pantalon de Bahr Atribor… Elles avaient l’air possédées !
« Mes bébés ! » s’inquiéta Kimar.
Le capitaine se releva de sa bonne poilade et reconnut sur les créatures les étranges symboles découverts sur les « torchons » du trappeur la veille. Le Sadida s’approcha de ses poupées, sortit huit shigekax blancs de sa poche et tendit la main. Elles se ruèrent sur la pogne de leur maître pour y dévorer les bonbons. Quelques secondes plus tard, elles s’endormaient avant de revenir à l’état de carrés de tissu.
« Ça les calme momentanément. »
Le trappeur, l’air triste, se tourna vers l’équipage :
« Veuillez accepter mes excuses pour tous ces ennuis…
- Et ces dégâts, ajouta le capitaine Daï Kiri.
- Et les dégâts, effectivement. (Il se tourna vers Chairmane et Ching.) Désolé de ne pas vous avoir tout dit, mais je me devais de les cacher : elles sont atteintes d’un mal rare et étrange et ravagent tout sur leur passage depuis. Vous ne m’auriez jamais amené jusqu’ici si vous aviez su... si vous les aviez vues et… je ne vous connaissais pas encore… Je faisais déjà route vers le Mont Zinit quand vous m’avez trouvé. Un mage Eniripsa m’avait conseillé de me procurer de la Dathura Urtica – appelée aussi la Pleurnichouille – une plante très rare qui aurait germé des larmes d’Ogrest et qui aurait pour principale vertu d’équilibrer les émotions de celui ou celle qui l’ingurgite.
- Et le glours ? s’enquit Ching.
- Ce sont elles qui l’ont attaqué. Elles avaient… très faim. Elles sont insatiables ! Tout le reste est vrai, je vous le jure ! Voudrez-vous bien me pardonner ? »
Le père et le fils échangèrent un sourire complice et hochèrent la tête en guise d’approbation. Kimar ne put s’empêcher de les serrer dans ses bras.
« Oyez, oyez marins d’eau douce, môme et gentilshommes ! Le “Grüber”, bateau de pêche et de plaisance, va accoster au port du Mont Zinit ! Son équipage vous remercie pour votre confiance et espère que vous avez passé un agréable voyage. Yippykayé, mes bons flotteurs ! »
Les trois compères n’en revenaient pas, mais c’était bien Bahr Atribor, toujours affublé d’un poulpe sur la tête et de ses lunettes peinturlurées, qui venait d’annoncer haut et fort leur arrivée à destination, tandis que le capitaine Daï Kiri décrochait Souchi Chen, furieux, de son filet. Ching, Chairmane et Kimar étaient allaient enfin fouler les terres du Zinit.
Profitez de gros bonus ce weekend !
Du jeudi 28 février au dimanche 3 mars à 23 h 59, partez vous aussi à l’assaut du Mont Zinit, exceptionnellement ouvert à tous !
En plus, ce weekend vous aurez l'occasion de doubler votre XP (combat et métier) et votre taux de drop !
Rendez-vous en jeu du vendredi 1 mars (18 h) au dimanche 3 mars (23 h 59) !