Le boss qui a l’honneur d’inaugurer la nouvelle formule du Boss Smasher marche de côté. Son air pince-sans-rire va de pair avec le masque qu’il s’est choisi. Pas besoin de vous faire un dessin, il s’agit du Cwabe Royal ! Mais connaissez-vous vraiment le crustacé qui s’est dressé face à un dragœuf ?

Il existe un conte pour enfant, qui relate une part de son histoire…
Il y a de cela très longtemps, bien avant le Chaos d’Ogrest, vivaient plusieurs familles de cwabes au Canyon Touffu de Sufokia. À cette époque, l’équilibre entre les plages de sable fin et la végétation luxuriante était parfait. D’ailleurs, les crustacés n’étaient pas les seules créatures à en profiter : lézards, araknes, salbatroces et bien d’autres vivaient dans ce hameau paradisiaque où la nature se montrait généreuse et accueillante.
Pourtant, une année fut marquée par la sécheresse. De tout l’été, le soleil n’eut de cesse d’occuper toute la place dans le ciel. D’abord très apprécié, il finit par agacer. Les foules se déplaçaient en masse vers les points d’eau, là où ils pouvaient se rafraîchir. Ainsi, au jeu du hasard, la faune et la flore du Canyon Touffu tombèrent sur la plus mauvaise pioche…
Un matin, une colonie de dragœufs débarquèrent sur les plages. Leur campement ne présageait rien de temporaire et leur comportement vis-à-vis de l’environnement était des plus inquiétants pour la faune et la flore, jusqu’ici bien tranquilles. Ils s’étaient installés pour rester jusqu’à épuisement des ressources. En attendant, ils dévoraient goulument les poissons et les crustacés du secteur, après avoir pris soin de les faire griller par leur souffle chaud.
Plusieurs familles de cwabes étaient parvenues à se réfugier un peu plus loin dans la végétation. Adieu la plage ! Il fallait à présent ruser pour ne pas se faire piquer quand on allait se restaurer dans la mer. Les dragœufs avaient bien remarqué une diminution des crustacés, mais ne semblaient pas décidés à partir. Pour les cwabes, le temps de la survie commençait…
*****
Un jour, alors qu’ils se contentaient des restes jetés par les envahisseurs au milieu de la végétation, un jeune dragœuf surprit les crustacés : « Que faites-vous ? »
Aussitôt, les cwabes se dispersèrent en une vague cliquetante, qui s’évanouit dans les feuillages.
« N’ayez pas peur ! Je ne suis pas comme eux… Je ne me nourris que de graines et de racines. Je comprends votre peur, mais sachez que je ne leur dirais pas où vous êtes. »
Malgré sa voix grave et gutturale, il s’exprimait très bien pour l’un d’entre eux et dans un langage que les crustacés comprenaient parfaitement.
« Écoutez, si les conditions dans lesquelles vous vivez deviennent trop difficiles, je connais une source d’eau, un peu plus loin, où mes congénères ne se rendent pas : elle est trop éloignée pour eux et puis, ils ont déjà tout ce dont ils ont besoin aux alentours du campement. Si vous voulez, je pourrais vous aider à vous y installer… »
Un cwabe sortit du rang. Ses yeux étaient noirs de colère. Ils frotta frénétiquement ses pinces, émettant une séquence de sons divers que le dragœuf semblait déchiffrer aisément.
« Calmez… oui… calmez-vous… Je veux simplement vous aider. Je comprends votre méfiance. Peut-être puis-je emmener l’un d’entre vous pour qu’il constate l’existence de cette source ? Puis, je le ramènerais ensuite afin que vous puissiez discuter et prendre une décision ensemble… »
Le cwabe en colère se tourna vers les siens. Les pinces se frottèrent. Après un long vrombissement, le silence revint. Le cwabe en colère annonça qu’il était d’accord pour partir avec le dragœuf dans le but de vérifier ses dires : s’il ne revenait pas, tous les autres sauraient que « l’écailleux » avait menti. De plus, il était le plus vieux des cwabes : s’il fallait prendre le risque de sacrifier l’un des leurs, autant que ce soit lui.
*****
L’attente fut interminable. Tantôt les cwabes doutaient, tremblaient, tantôt ils se rassuraient les uns les autres. Finalement, au bout d’une heure, le dragœuf revint avec le vieux cwabe. Celui-ci frétillait de bonheur. Il avait l’impression d’avoir retrouvé une part de leur paradis perdu ! Tous voulaient y aller, mais le dragœuf ne pouvait pas tous les emmener d’un coup. Il prit plusieurs crustacés sur ses épaules, dont le vieux cwabe, et fit un premier voyage. Il revint quarante-cinq minutes plus tard et emmena un deuxième groupe de crustacés. Après une demi-heure, il était revenu.
Un petit cwabe bleu, dont la particularité était d’avoir une de ses pinces plus grosse que le reste de son corps, sortit du rang et s’adressa à l’écailleux : comment était-il revenu de plus en plus vite alors qu’il était chargé d’un seul cwabe la première fois ?
« Le temps passe petit : si je veux tous vous emmener avant la nuit, je dois me presser. Voilà pourquoi je me hâte de plus en plus… »
Le dragœuf chargea sur ses épaules un troisième groupe. Le petit cwabe à la grosse pince proposa de venir aussi.
« Pardon, petit crustacé, mais je n’ai plus de place sur mes épaules… »
Ce n’était pas grave, il pouvait s’accrocher à son cou.
« Je ne sais pas trop, ça risque d’être désagréable… »
Était-il un fier dragœuf ou un frêle lézard douillet ? L’écailleux finit par accepter.
*****
Au bout d’une dizaine de minutes, le petit cwabe suspendu à la gorge du dragœuf remarqua quelque chose sur le sol : lui et les siens avaient l’habitude de ramasser les restes de poissons et autres créatures jetés par les dragœufs. Mais là… il reconnut les carapaces de ses congénères. Toujours accroché, il frotta ses pinces pour s’adresser à son transporteur : il lui demanda si c’était là tout ce qu’il restait des siens. Le dragœuf sourit.
« Tu es un petit malin, toi. Mais cela ne t’empêchera pas de finir comme les autres ! »
Le petit cwabe frotta de nouveau ses pinces : ce n’était pas sa carapace qui allait sécher au soleil aux côtés des restes des autres cwabes, mais la tête et la carcasse du vil dragœuf. Sa pince serra alors le cou de l’écailleux qui perdit peu à peu son sourire. Le petit cwabe tint sa promesse.
La colonie de dragœuf découvrit leur congénère le soir même. Puis, dans les jours qui suivirent, ce furent les corps d’un autre, puis d’un autre et d’un autre encore qui furent retrouvés dans les mêmes circonstances. La rumeur d’une malédiction se répandit comme une vague sur la plage. Des disputes éclatèrent. De toute façon, la nourriture commençait à manquer alors pourquoi rester davantage ?
Un matin, le campement avait disparu comme il était venu. Les cwabes et les autres créatures qui avaient survécu se réapproprièrent le Canyon Touffu de Sufokia.
La légende dit que le petit cwabe a grandi et qu’il est à présent affublé du crâne du vil dragœuf qui leur avait menti.
Il est devenu… le CWABE ROYAL.